12 octobre 2011

[Abbé Philippe Laguérie, ibp] Les athées : j’y crois pas !

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, ibp - 12 octobre 2011

"En fait, il n’y a pas de dieu. C’est la réponse la plus simple à ce genre de question. Pour les indécis, il suffit d’inverser le pari de Pascal. Si Dieu existe, il ne nous en voudra pas. S’il n’existe pas, nous n’aurons rien perdu. Les contradictions des croyants sont souvent bien plus grandes que les contradictions des athées. Dieu ne sauve personne, il est invisible, c’est une invention profonde, durable, évidente. En un mot, une croyance, effroyable".
En réponse à mon post « Même Dieu, même religion ? » je trouve sur mon forum cette vive profession d’athéisme. Quelque peu sommaire, certes, mais dont la sincérité ne saurait être mise en cause, apparemment…

Ne pouvant répondre en quelques lignes sur un si vaste sujet, j’ai attendu d’avoir un petit moment et d’en faire un post qui me démangeait depuis longtemps. Nous y voilà donc. Je remercie cet « athée » véhément qui m’en donne l’occasion par sa profession.

Je passe sur l’athéisme des païens : "Leur Dieu, c’est leur ventre " en disait saint-Paul. Dieu n’est qu’un gêneur, un empêcheur de tourner en rond, qui pourrait fort bien exister, hélas. Il n’est que de le placer là où on le sent le mieux ! Venons-en aux "véritables" athées...

Effroyable croyance, dites-vous. Gagné : si effectivement Dieu n’existait pas, cette croyance en Lui serait effroyable et l’histoire de l’humanité un long cauchemar. Il aurait fallu attendre la fin du XVIII ème siècle pour se réveiller. Mais je songe aussitôt à cette autre phrase, de Saint-Paul aux Hébreux : « Il est effroyable de tomber entre les mains du Dieu Vivant ». Il vaut mieux se faire une petite idée sur la question avant, non ? Je trouve votre « Il ne nous en voudra pas » un peu superficiel, léger.

Inverser le pari de Pascal, dites-vous ? Cela supposerait qu’il soit valide à l’endroit, n’est-ce pas ? Mais qu’on le prenne dans un sens ou dans un autre, il ne reste qu’une hypothèse de travail, qu’on peut faire servir dans tous les sens, au gré de ses démangeaisons. Notez-bien qu’il s’agit toujours, dans un cas comme dans l’autre, non pas de résoudre un problème, mais de s’en débarrasser. Se débarrasser de Dieu, en le servant, en l’ignorant, au cas où. Cette politique de l’autruche est indigne d’un honnête-homme. Paieriez-vous des impôts au cas où vous pourriez éventuellement les devoir ? Pas moi !

Mais la principale objection au pari de pascal, malgré le côté génial de l’argument existentiel « ad hominem » (Personnellement j’ai horreur des films d’horreur et n’aime pas du tout me faire peur gratuitement !) c’est qu’il admet l’existence de Dieu ou son inexistence comme deux hypothèses également envisageables. Quoique ce ne fut certes pas la pensée de notre écrivain de génie. Et ceci est inadmissible.

L’existence de Dieu est aisément démontrable et son inexistence absolument indémontrable. Pour qu’on ait affaire à un véritable athée, il faudrait trouver un homme qui fût persuadé de l’inexistence de Dieu parce qu’il serait également en mesure de le démonter. Cet homme-là n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera jamais. Il y a bien des gens qui se disent tels, (La preuve), mais s’ils mènent bruyante profession d’athéisme c’est pour dissimuler un vide rationnel dans un baroud volontariste. Je me rassure en criant très fort… Au fond, toujours ce pari, intellectuellement perdu d’avance.

La peur n’a jamais évité le danger, dit le proverbe. Ou, comme répétait mon vieil ami Jacques Mouroux, qui l’avait faite, et bien : « La guerre est un sport exaltant qui présente parfois de réels dangers… » !

L’Eglise a pris soin de définir, au concile Vatican I, (Voilà un dogme du magistère solennel) la possibilité de démontrer l’existence de Dieu, à la suite de Saint-Paul (Magistral premier chapitre de l’épitre aux Romains) qui fustige comme « inexcusables » les hommes qui n’accèdent pas l’existence de Dieu par le moyen des créatures et de l’intelligence humaine. On aboutit à ce paradoxe inouï et fort cocasse : l’existence de Dieu ne relève pas de la Foi, tandis que l’athéisme est une véritable profession de foi.

Démonter l’inexistence de Dieu : mission impossible, à supposer même que Dieu n’existât point ! Réfléchissez : partir de quoi, passer par quoi, pour aboutir où et comment ? Quel casse-tête épouvantable. Et il faut le leur concéder, aucun athée ne se livre à ce jeu désespéré par un reste de pudeur qu’on appelle la peur du ridicule, sans doute…

Nos modernes athées, à la Sartre ou autres, préfèrent dire que la question ne les intéresse pas (ah bon ?), ce qui est déjà le commencement d’un intérêt. Le vrai désintérêt ne prend pas ce soin. Les anges, ces êtres accessibles par la Foi seule, ils s’en fichent pour de bon et n’en dégoisent point. Allez-donc démontrer leur inexistence ! Encore une trouvaille psychologique des plus sottes : quel homme peut prétendre sérieusement que sa destinée personnelle lui est indifférente et que Dieu y serait étranger, qu’il existe ou qu’il n’existe pas. De toutes manières la question est intéressante, pas vrai ? Brulante même.

Pour finir cette petite récréation en Athéie, vous remarquerez finalement comment Dieu refait surface à la moindre occasion chez nos prétendus athées. Le monde est absurde et c’est la faute à …personne. Allons-donc, trouvez-nous donc un coupable à la mesure du mal. « Il est rare qu’un criminel soit à la hauteur de son crime » disait Nietzsche. Là, vous en tenez un. On peut bien reprocher à l’Etat-Léviathan de ne pas suffisamment prévoir et pallier l’effondrement des cours de la bourse, le trou de la sécu et la chute de la zone Euro et jusqu’à cette couche d’ozone qui fuit… Mais les tsunamis, les tremblements de terre, les irruptions volcaniques et le réchauffement de la planète, faut pas charrier (sans familiarité, s’il vous plait, au sens technique du mot). C’est le grand retour de Dieu, mis en examen, inculpé, responsable, jugé, reconnu coupable et exécuté. Dieu est mort, vive Dieu !

L’athéisme est une maladie mentale et rien de plus ; comme la plupart, prise à temps, elle se soigne. Prenez garde cependant à sa phase finale et palliative. L’Evangile la nomme « Péché contre le Saint-Esprit » ou lutte contre la vérité connue, qui ne sera remis ni en ce monde ni en l’autre.

Lutte contre la vérité connue ? C’est bien ce que je vous disais et, de toute évidence, les athées croient en Dieu.