13 février 2012

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] L’abbé de Tanoüarn en son Centre Saint-Paul

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 13 février 2012
Le monde traditionaliste, que l’on dépeint souvent comme renfermé, est surtout un univers aux palettes bien différentes. Sous l’attention portée à une même Tradition, parfois avec un rien d’exagération, de maniérisme ou de fidélité toute disciplinaire, on y trouve une surprenante liberté d’esprit, un goût de la discussion qui se transforme parfois en polémique et, surtout une variété qui devrait obliger au questionnement l’observateur, si celui-ci prenait encore le temps de bien observer. 
 
Prenons le cas de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, aussi admiré qu’il est décrié, ancien fantassin de la Fraternité Saint-Pie X, devenu voltigeur parisien, pas toujours facile à suivre, mais déroulant avec une véritable logique des positions successives qu’il défend avec talent et passion. Il est frappant de constater, par exemple, dans le débat publié récemment par L’Homme Nouveau, combien l’abbé de Tanoüarn parvient à défendre Civitas, pourtant bras temporel de la Fraternité Saint-Pie X, et qu’il sait accordé à son interlocuteur, l’abbé Grosjean, que celui-ci l’a aidé à mieux percevoir certains enjeux. Le « méchant traditionaliste » fait ainsi preuve d’une grandeur d’âme que l’on aurait aimé trouver chez son interlocuteur, bien muet dans ce registre.
 
Bien que membre de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP), l’abbé de Tanoüarn anime quasiment seul (comme prêtre, je ne parle pas des laïcs heureusement bien présents) à Paris le Centre Saint-Paul, qui est, dans sa modestie même, certainement l’une de ses plus belles réussites. Pour beaucoup d’entre nous, le Centre Saint-Paul est devenu une évidence, preuve psychologique de sa réussite, mais aussi preuve que nos âmes s’habituent trop et que nous avons décidément des réflexes de consommateur. L’idée en est elle-même était ingénieuse et pertinente. À la place d’un lieu de culte supplémentaire destiné à remplacer Saint-Nicolas du Chardonnet où il célébrait jusqu’à son départ de la FSSPX, l’abbé de Tanoüarn a fait le pari d’un centre culturel catholique, comprenant évidemment la célébration de la messe – comment séparer la culture du culte ? – mais allant bien au-delà, dans une confrontation avec les idées et les problématiques du monde contemporain ou les débats agitant Tradiland.
 
C’était un pari osé, car si pour beaucoup la culture ressemble à la confiture qu’on étale à la mesure de son ignorance, pour les catholiques, c’est souvent la terre inconnue sur laquelle il faut impérativement éviter de mettre les pieds : l’humain y est trop présent, dans toute son étendue.  Avec tous ses défauts, l’abbé de Tanoüarn a décidé, lui, d’y camper bien résolument. Il propose, préconise, analyse et débat. On peut parfois se demander quelle direction il prend, quelle passion l’emporte, de Maurras à Pascal, pour s’exposer ainsi aux défilés des idées et du dialogue. Une chose est sûre, il n’y a pas deux Centre Saint-Paul.
 
J’en ai pris conscience tout simplement (et bien tardivement) en recevant l’annonce de trois conférences qui vont s’y succéder dans les semaines qui viennent. Les voici car mieux qu’un long discours (le mien), elle montre la pertinence d’un tel lieu pour la nouvelle évangélisation de et par la culture (et pas la peine de me dire que je suis vendu ou acheté par le dit abbé, je ne mange pas de ce pain-là) : 
 
Mardi 14 février
J’ai épousé un musulman
Candide au Pays d’Allah
Clotilde nous offre, sous le titre Candide au Pays d’Allah, un livre qui constitue un magnifique témoignage, d’autant plus important qu’elle part en Tunisie, après plusieurs années de mariage en France, sans aucune idée préconçue, amoureuse et sûre de son couple. Ceux qui cherchent à banaliser le monde islamique, ceux qui croient que les sentiments peuvent tout et sont au dessus des lois et des coutumes, qu’ils viennent écouter Clotilde : elle leur ressemblait avant de partir.

Mardi 21 février
Existe-t-il un modèle politique chrétien, réflexions autour de Carl Schmitt
Père Bernard Bourdin OP
Le Père Bernard Bourdin vient de publier pour la première fois en français l’ensemble des textes catholiques du juriste et philosophe allemand Carl Schmitt (1888-1985). Cela lui permet de poser d’une façon nouvelle la grande question des rapports entre religion et politique, quand cette religion est la religion chrétienne et quand l’Etat doit se définir par rapport à l’Eglise catholique. Comme toujours, la pensée de Carl Schmitt est à la fois puissante et nuancée. Elle nous permet de découvrir de nouveaux horizons.
En raison du Mardi gras, la conférence est suivie d’une petite soirée crêpes.

Mardi 28 février
Messe traditionnelle : histoire et mode d’emploi
Abbé Claude Barthe
L’abbé Barthe a plus d’une corde à son arc. Tantôt, en vaticaniste averti, il nous informe en avant-première de tel ou tel mouvement au sein de la Curie romaine, tantôt, délaissant l’actualité, il nous emmène au cœur du Sacré, à la découverte de ce qu’il appelle « le sens spirituel ». Mais qu’est-ce que ce sens spirituel ? Le sens que l’esprit donne aux textes bibliques ou aux rites liturgiques, par association et libre ressemblance. A suivre l’abbé Barthe dans son dernier livre Une forêt de symboles, à scruter cette première synthèse personnelle de plusieurs travaux antérieurs d’édition et de traduction, on découvre la puissance de l’esprit humain, quand, à travers le libre jeu des ressemblances, il médite et il contemple. Surprise : on retrouve ainsi, beaucoup plus facilement qu’on ne l’imagine au départ, tout ce que le scientisme a voulu nous faire oublier…