19 avril 2012

[Père Lelong - Nicolas Senèze - La Croix] Comment les lefebvristes accueillent-ils la perspective d’un accord avec Rome?

SOURCE - Père Lelong - Nicolas Senèze - La Croix - 19 avril 2012

Ancien responsable du dialogue avec l’islam pour la Conférence des évêques de France, le P. Lelong (1), père blanc, anime le Groupe de rencontre entre catholiques (GREC) qui travaille, depuis une douzaine d’années, à établir un dialogue entre lefebvristes et catholiques conciliaires

« Depuis longtemps, à l’intérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, beaucoup souhaitaient la réconciliation. S’ils estiment que Mgr Lefebvre avait des raisons de s’opposer à Vatican II, les papes Jean-Paul II, puis Benoît XVI, leur ont prouvé qu’on pouvait adhérer au Concile tout en étant fidèle à la Tradition. Que l’Église n’a pas commencé à Vatican II, mais qu’elle ne s’y arrête pas non plus et que ses textes peuvent être interprétés différemment. Beaucoup de prêtres et de fidèles souhaitaient que Mgr Fellay accueille la proposition très généreuse du pape.
 
Mais certains sont crispés sur une interprétation très négative de Vatican II. Le problème est que Mgr Fellay, au lieu de confier des responsabilités importantes à des hommes qui pouvaient préparer les fidèles à accepter la réconciliation, a laissé s’exprimer des personnes ayant eu des propos non seulement négatifs, mais aussi très agressifs. Il faut voir comment Benoît XVI a été traité à Saint-Nicolas du Chardonnet au moment de la rencontre d’Assise !
 
Malheureusement, des personnes s’opposent à cet accord au sein de la Fraternité. En effet, certains l’accueilleront avec joie, et d’autres avec difficulté, tout en comprenant qu’on ne peut être catholique sans communion avec le Saint-Siège, mais une partie refusera, au risque de virer à la secte.
 
Il faut aussi reconnaître que, dans l’Église de France, beaucoup de prêtres et de laïcs, et certains évêques, ne sont pas très heureux que Benoît XVI accueille la Fraternité. Il faut qu’ils comprennent que l’Église doit être dans l’unité, mais aussi dans la diversité. Il y a de la place pour Mgr Fellay comme pour Mgr Gaillot. Il est donc nécessaire de créer un climat d’accueil fraternel. Quelle que soit la solution retenue, il faudra aussi éviter tout triomphalisme, d’où qu’il vienne. Même si certains, dans la Fraternité, sont dans un esprit de domination politico-religieuse, il leur faut comprendre que ce n’est pas cela l’esprit de l’Église. »
 
(1) Auteur de Pour la nécessaire réconciliation , Nouvelles éditions latines, 160 p., 19 €.
 
Recueilli par Nicolas Senèze