23 octobre 2014

[Jérôme Bourbon - Rivarol] Suicide français ou génocide programmé ?

Jérôme Bourbon - Rivarol - 23 octobre 2014

C’est le grand succès du moment. Le dernier essai d’Eric Zemmour, Le suicide français sous-titré « Les 40 années qui ont défait la France » arrive désormais largement en tête du classement des ventes de livre. Le polémiste peut même se targuer d'avoir détrôné Valérie Trierweiler, qui squattait la première place depuis le 4 septembre, avec Merci pour ce moment. Selon l'éditeur Albin Michel, cité par Le Point, plus de 5.000 exemplaires du Suicide françaistrouvent preneur chaque jour. Imprimé initialement à 100.000 exemplaires, l'ouvrage a bénéficié d'un réassort de 20.000 exemplaires avant même sa sortie le 1er octobre. Ce succès, comme les excellents scores du Front national, est un symptôme qui montre l’inquiétude de plus en plus forte, de plus en plus massive de Français qui ne veulent pas mourir, qui n’entendent ni se métisser, ni être submergés, ni être remplacés et qui assistent, effarés et impuissants, à l’effondrement de leur nation et de toutes les structures traditionnelles. Ils ne reconnaissent plus la France qu’ils ont connue enfants. Les minorités ethniques et sexuelles, si visibles, si ostentatoires à la télévision, au cinéma, dans le monde de la chanson leur deviennent de plus en plus urticantes par leur communautarisme, leurs revendications incessantes, leur mépris du peuple, du terroir, des traditions, des racines.
Dérision, déconstruction, destruction
Avec talent et clarté, Eric Zemmour qui est sans doute l’un des plus brillants analystes politiques actuels et qui est incontestablement très cultivé (il écrit en un français académique, a le sens de la formule et de la synthèse et son livre est très agréable à lire) expose en une succession de courts chapitres les étapes de ce qu’il appelle « le suicide français ». Dès l’introduction, le ton est donné, le constat est implacable : « La France est l’homme malade de l’Europe. Les économistes évaluent sa perte de compétitivité. Les essayistes dissertent sur son déclin. Les diplomates et les soldats se plaignent en silence de son déclassement stratégique. Les psychologues s’alarment de son pessimisme. Les sondeurs mesurent son désespoir. Les belles âmes dénoncent son repli sur soi. Les jeunes diplômés s’exilent. Les étrangers les plus francophiles s’inquiètent de la dégradation de son école, de sa culture, de sa langue, de ses paysages, de sa cuisine même. La France fait peur ; la France se fait peur. La France est de moins en moins aimable ; la France ne s’aime plus. La douce France vire à la France amère ; malheureux comme Dieu en France ?  Les Français ne reconnaissent plus la France. (…) Tout est en carton-pâte. Tout est factice. Tout est retourné, renversé, subverti. (…) Nous ne savons plus où nous allons, car nous ne savons plus d’où nous venons. On nous a appris à aimer ce que nous détestions et à détester ce que nous aimions. »

Pour Zemmour, l’origine de tous nos maux, c’est mai 1968 : « Le triptyque soixante-huitard : Dérision, Déconstruction, Destruction, sapa les fondements de toutes les structures traditionnelles : famille, nation, travail, Etat, école. L’univers mental de nos contemporains devint un champ de ruines. » Et le coruscant essayiste de relater en détails « l’histoire d’une dépossession absolue, d’une désintégration inouïe, d’une dissolution dans les “eaux glacées” de l’individualisme et de la haine de soi ».
La destruction de la famille traditionnelle
Avec courage et grand talent, le journaliste rappelle les différentes étapes de la destruction de la famille depuis la loi Neuwirth (1967) jusqu’au pseudo-mariage homosexuel (2013) en passant par la suppression de l’autorité paternelle au profit de l’autorité parentale (1970), par l’égalité des droits à l’héritage pour les enfants légitimes et adultérins (1972), par la  légalisation de l’avortement (1975), par la dépénalisation des relations homosexuelles concernant des mineurs (1982), par le pacte civil de solidarité (1999), par le délit dit d’“homophobie” (2004), par l’alignement du Pacs sur le mariage civil en matière fiscale, successorale et patrimoniale et par les projets actuels de PMA et de GPA pour les invertis auxquels a été concédé l’année dernière le droit de “se marier”. A cet égard, Zemmour rappelle fort opportunément que la parodie de mariage entre Coluche et Le Luron en 1985 et qui précéda de quelques mois leur mort tragique est annonciatrice du mariage inverti d’aujourd’hui : « Avec une grande prescience, nos deux comiques annonçaient l’ère parodique et, trente ans plus tard, la législation autorisant le mariage homosexuel, qui en fut la plus magnifique illustration. Un mariage homosexuel ne peut être qu’une simulation parodique, puisqu’il faut quand même un homme et une femme pour fabriquer un enfant et fonder cette famille, principal objectif du mariage. » Et Zemmour de dénoncer le tyrannique pouvoir gay qui a « la volonté totalitaire mal dissimulée de nous transformer en androgyne, en neutre, ni homme ni femme». Non seulement, dans ce schéma, l’individu peut choisir à tout moment son orientation sexuelle mais plus encore son identité sexuelle dont il peut sans cesse changer. L’individu peut s’inventer chaque jour. Peut-on aller plus loin dans la perte des repères, de l’identité, des certitudes ?
La nation détruite par l’Europe de Bruxelles, la mondialisation et l’immigration
Lucide sur la destruction de la famille, Zemmour l’est tout autant sur l’immmigrationnisme, le multiculturalisme et l’idéologie du métissage obligatoire. Dans son chapitre consacré à Sos-Racisme, il explique que « c’est à l’Elysée, en grand secret, que l’association a été forgée (en 1984). Les conseillers politiques et les communicants présidentiels sont à l’œuvre ; et Mitterrand à la manœuvre. (…) Sos-Racisme est la réponse mitterrandienne aux événements de l’année précédente : virage économique libéral au nom de l’Europe, percée électorale du Front national, sans oublier le succès de la marche des Beurs. » Zemmour rappelle que les parrains de Sos-Racisme sont les juifs Bernard-Henri Lévy et Marek Halter, que « l’extrême gauche juive, des mouvements trotskistes à l’UEJF, est aux manettes ». Le talentueux polémiste remarque que la main jaune de Sos-Racisme «rappelle à la fois l’étoile jaune que les Juifs devaient porter en zone occupée et la main de Fatima, porte-bonheur islamique ; elle marque cette continuité inlassablement répétée entre les persécutions des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et l’hostilité xénophobe aux Maghrébins dans les années 1970 et 1980. Souvenirs de l’Occupation et ratonnades sont mêlés dans une grande confusion historique et intellectuelle, mais avec une redoutable efficacité propagandiste ». Zemmour rapporte, comme nous l’avons souvent fait à RIVAROL, qu’à la une du premier numéro du journal Globe, mensuel de gauche antiraciste et juif d’obédience mitterrandienne fondé en novembre 1985 par Georges-Marc Benamou, aidé financièrement par Pierre Bergé et Bernard-Henri Lévy, on pouvait lire en guise de profession de foi : « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref franchouillard ou cocardier, nous est étranger voire odieux. »
Détruite par l’immigration de masse extra-européenne, la France l’est également par l’Europe de Bruxelles, cheval de Troie de la mondialisation. L’auteur montre bien que Maastricht fut la fin de l’indépendance et de la souveraineté française, qu’une nation sans frontières, sans monnaie, prenant ses ordres à l’étranger et dont 80 % des lois et des règlements émanent de directives de la commission de Bruxelles et de son idéologie ultra-libérale et atlantiste est une nation condamnée à mort. 
Le « rôle puissant et nocif du lobby juif »
Très politiquement incorrect, Zemmour n’hésite pas à mettre en cause le « rôle puissant et nocif du lobby juif » pour reprendre la fameuse expression de François Mitterrand avant de quitter définitivement l’Elysée, le 17 mai 1995, et qu’il avait prononcée devant le très conformiste académicien Jean d’Ormesson. Le journaliste condamne ainsi l’attitude de Serge Klarsfeld qui a « remué ciel et terre, Juifs français et américains, pressions nationales et internationales, pour faire plier (le président de la République et faire condamner la France.) Mitterrand n’avait jamais cédé ; Chirac n’aura jamais résisté. Klarsfeld triomphait. C’était le combat de sa vie. » L’auteur est très sévère sur les conséquences de cette scandaleuse auto-flagellation : « Après la longue résistance mitterrandienne, cette expiation française serait vécue par certains comme la preuve aveuglante de l’écrasante et impudente domination juive, capable de soumettre le chef de la “cinquième puissance du monde”. Depuis de nombreuses années, la lente érection de la “Shoah” comme crime des crimes, et des Juifs comme victime absolue, avait déjà beaucoup agacé les survivants et héritiers d’autres massacres de l'histoire.»
Zemmour affirme explicitement que ce sont les Juifs qui ont interdit de télévision et de tous les grands media audiovisuels  Dieudonné dont il reconnaît « la talentueuse truculence désacralisatrice »: «Les institutions juives se récrièrent, ripostèrent, obtinrent sa condamnation en justice, chassèrent le comique de la télévision, des radios, parvinrent même à lui fermer les salles de spectacle. Dieudonné et ses admirateurs, de plus en plus nombreux, furent convaincus de la puissance irrésistible et sectaire de la “Communauté” d’autant plus redoutable qu’on n’avait pas le droit — tel le Dieu de l’Ancien Testament — de prononcer son nom.»
Le CRIF, lobby juif et israélien à l’américaine
Eric Zemmour se montre également à juste titre très sévère sur le CRIF. « Au fil des années, le dîner annuel du CRIF devint un moment phare de la vie politique, médiatique, mondaine. Les ministres, les chefs de l’opposition, des ambassadeurs européens et même de pays arabes, les vedettes du show-biz et du journalisme, jusqu’au président de la République, à partir de l’élection de Nicolas Sarkozy, s’y précipitèrent. Le dîner du CRIF serait l’endroit où il faut être. Un modèle. Ou un anti-modèle. On s’y rencontrait, s’y congratulait, s’y félicitait. On faisait de grands discours. On condamnait l’antisémitisme. On y défendait vigoureusement Israël. On y mettait à l’index les ennemis de la démocratie, les “antisémites” (Front national) et les “antisionistes” (verts et communistes), dans le même sac d’opprobre. Certaines années, le dîner du CRIF prit des allures de tribunal suprême où était jugée et condamnée la « politique arabe de la France ». (…) Au nom du “dialogue républicain”, des représentants des “Juifs de France”  interpellaient et tançaient le gouvernement de la République française sur sa politique étrangère ; et sommaient les responsables politiques de leur pays d’ostraciser des partis de l’espace démocratique français ! (…) Des représentants officiels du judaïsme français se transformaient en ambassadeurs de l’Etat d’Israël ; et jouaient au lobby juif américain du pauvre. » Dans le même chapitre consacré au CRIF, Zemmour écrit : « Le sionisme fut l’Etat-nation à la française mais pour les juifs. Le communisme fut une religion juive de substitution, un christianisme universaliste sans Dieu. » Quant à Vichy, il reconnaît qu’il a sauvé 95 % des Juifs français, ce qui lui a valu des attaques très violentes à la télévision, même si Zemmour reconnaît (par prudence ?) la réalité du génocide juif. Enfin il critique l’icône Lanzmann : « En cette même année 1985, Claude Lanzmann imposait par le cinéma le mot shoah qui remplaçait “holocauste” ; un mot hébreu à la place d’un vocable français, pour mieux enraciner le caractère à la fois unique et juif du génocide qui devint un élément central — parfois obsessionnel — de la psyché juive, faisant des Juifs français une caste d’intouchables, et du génocide la nouvelle religion obligatoire d’un pays déchristianisé. »
« Les dirigeants du judaïsme français s’assumèrent de plus en plus comme un lobby à l’américaine, faisant pression sur les pouvoirs publics par leurs revendications communautaires. Les “dialogues républicains” se multiplièrent, de plus en plus tendus, deplus en plus exigeants, donnant l’image d’une “communauté juive” soudée derrière un Etat étranger, faisant bloc pour défendre ses intérêts, et suffisamment puissante pour faire céder l’Etat. » On ne saurait mieux dire.
La vérité rend libre !
On pourrait certes émettre quelques objections contre certaines analyses inabouties de Zemmour. Selon nous le déclin de la France est bien antérieur aux quarante dernières années, le gaullo-bonapartisme qu’il affiche nous paraît, à bien des égards, discutable, le rôle de la franc-maçonnerie et de certains éléments juifs dans ce qui s’apparente davantage à un génocide programmé qu’à un suicide eût pu être mis davantage en évidence, tout comme le rôle dévastateur de Vatican II dans la déchristianisation du pays et dans la perte de tous ses repères spirituels, moraux et familiaux. Reste qu’il s’agit dans l’ensemble d’un bel et bon livre qu’il faut lire et méditer, même si les lecteurs de RIVAROL n’y apprendront pas grand-chose tant il correspond à ce que nous répétons in deserto depuis des décennies. Mais au moins le juif sincèrement patriote Zemmour a-t-il, lui, le droit de dire beaucoup de vérités devant des millions de téléspectateurs. Même s’il est bien tard pour dresser tous ces constats de faillite, il est toujours bon que la vérité soit dite, quels qu’en soient l’origine et le canal de diffusion, car c’est bien connu, seule la vérité rend libre.
Jérôme BOURBON.
Eric Zemmour, Le suicide français, 534 pages, Albin Michel, 22,90