13 décembre 2014

[Dominicains d'Avrillé - Lettre des Dominicains] Nouvelles de Rome occupée

SOURCE - Dominicains d'Avrillé - Lettre des Dominicains n°72 - décembre 2014

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le pape François n'aime ni la doctrine ni les certitudes, comme en témoignent ces quelques paroles : «Je le répète souvent : entre une Église accidentée qui sort dans la rue, et une Église malade d'autoréférentialité, je n'ai pas de doutes : je préfère la première.» (Message pour la 48e journée mondiale des communications sociales, 1er juin 2014). «La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d'ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd'hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive.» (Interview à la revue Études, septembre 2013). «Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l'avortement, au mariage homosexuel et à l'utilisation de méthodes contraceptives. Ce n'est pas possible. […] Une pastorale missionnaire n'est pas obsédée par la transmission désarticulée d'une multitude de doctrines à imposer avec insistance.» (Idem).

Cela explique sans doute le relativisme moral (désormais, on parle pudiquement de « morale de gradualité ») que le pape François a laissé s'introduire au récent Synode sur la famille (4-19 octobre 2014) : à sa demande expresse, malgré un nombre de voix insuffisant (bien que largement majoritaire!), le rapport final a maintenu les paragraphes contestables sur :
  1. la pastorale envers les concubins : «Il existe des éléments valables aussi dans quelques formes extérieures au mariage chrétien » (§ 22) ; «Aujourd'hui, dotée d'une sensibilité nouvelle, la pastorale s'efforce de saisir les éléments positifs présents dans le mariage civil et, compte tenu des différences, du concubinage» (§ 41) ;
     
  2. l'accès des divorcés remariés à la sainte communion (§ 52-53) ;
     
  3. les homosexuels : «À leur égard, on évitera toute marque de discrimination injuste » (§ 55).
Mais François, fidèle à sa méthode, avait prévenu : «Pour rechercher ce que le Seigneur demande aujourd'hui à son Église, nous devons percevoir “l'odeur” des hommes d'aujourd'hui, jusqu'à être imprégnés de leur joies et de leurs espérances, de leurs tristesses et de leurs angoisses : ainsi nous saurons proposer avec crédibilité la bonne nouvelle sur la famille» (4 octobre 2014).
Que nous sommes loin des solennels avertissements de saint Paul aux païens idolâtres ! «Dieu les a livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps [parce qu'ils] ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur […]. Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes : leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; pareillement les hommes, délaissant l'usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres. […] Et pourtant, connaissant le verdict de Dieu qui déclare dignes de mort les auteurs de pareilles actions, non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent.» (Rm 1, 24 et 32).