10 juin 2015

[Père Benedict - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la Mission Saint-Michel au Nigéria] Un missionaire nous parle - Rencontre avec la Tradition au Nigeria


SOURCE - Père Benedict - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs de la Missions Saint-Michel au Nigéria - mai-juin 2015

Le père Benedict nous raconte son parcours depuis le séminaire jusqu'au Nigeria. Il nous fait partager son expérience de missionnaire.
Issu d'une famille française nombreuse et catholique, j'ai bénéficié d'une éducation profondément chrétienne. Ayant très tôt ressenti l'appel du sacerdoce, je suis entré au séminaire un an après mon Baccalauréat, dans la Fraternité Saint Pie X. Après les six années de formation, j'ai reçu l'ordination sacerdotale en juin 2012. J'avais fait savoir à mes Supérieurs mon désir de m'éloigner de France pendant quelques années: je souhaitais découvrir un peu le vaste monde, d'autres cultures, la riche diversité de l'Église! Et puis j'avais toujours été un peu fasciné par les missionnaires, je désirais me mettre à leur suite.

Quelques jours avant l'ordination sacerdotale, j'ai appris ma nomination en Afrique du Sud, dans la ville de Durban. J'étais comblé! Je suis resté un an à ce premier poste, découvrant peu à peu la vie de prêtre, mais aussi l'Afrique par quelques voyages dans différentes parties d'Afrique du Sud, ainsi qu'au Zimbabwe (pendant trois mois), et au Gabon lors d'un « stage » d'un mois.

Ces expériences m'ont préparé à mon deuxième poste: dès la fin de cette première année en effet, j'étais muté au Nigeria!

Nigeria - Enugu
Cela fait à présent plus d'un an que je suis arrivé à Enugu, cette «petite» ville de 650 000 habitants du Sud- Est du Nigeria. Il est certain que, pour un Français, vivre au Nigeria est une source permanente d'étonnement. Tout y est si différent de ce que nous pouvons connaître en Europe! Les contrastes pauvreté- richesse y sont terriblement flagrants, les infrastructures en piètre état; s'ajoutent à cela le climat chaud et humide, la corruption universelle, l'instabilité politique et religieuse et l'insécurité.

« Les contrastes pauvreté-richesse sont terriblement flagrants»

Mais cela n'empêche pas les Nigérians d'être des gens très accueillants et agréables!

Apostolat
La spécificité de la Fraternité Saint Pie X étant de répondre à la demande de catholiques qui souhaitent la liturgie traditionnelle et ce qui lui est connexe (catéchisme, etc), notre installation au Nigeria ne déroge pas à cette règle, et ce sont donc différents groupes de fidèles qui se sont constitués pour faire appel à notre ministère.

C'est ainsi que, passés les premiers mois où il a fallu installer notre prieuré provisoire et organiser l'apostolat, désormais il faut intensifier le rythme des tournées pastorales dans les villes où se trouvent ces groupes.

Il ne faudrait pas imaginer un ministère semblable à celui des missionnaires du 19ème siècle…

« Il est bien fini le temps des Pères Blancs ou des Spiritains naviguant en pirogue»

Aujourd'hui chaque village de brousse a son église et la visite fréquente de prêtres autochtones! Il est bien fini le temps des Pères Blancs ou des Spiritains naviguant en pirogue pendant deux jours pour atteindre tel petit village en forêt. L'Église catholique est très bien organisée, les prêtres sont nombreux (pour beaucoup ils portent l'habit ecclésiastique), les séminaires sont pleins.

Notre communauté étant constituée de trois prêtres, nous allons à tour de rôle assurer le ministère auprès de ces groupes. Il faut alors voyager en avion, partir trois ou quatre jours, faire le plus possible en très peu de temps. Quant à Enugu même, c'est principalement le catéchisme, les confessions, la chorale et la liturgie, la formation de pré-séminaristes, qui occupent l'emploi du temps.

« Ils se rassemblent dans une chapelle de fortune faite de bambous et de tôles ondulées»

Nous avons tout de même la possibilité de visiter de temps en temps un village rural, et c'est peut-être là qu'on se sent le plus proche des anciens missionnaires! Des gens très simples, vivant pauvrement, sans eau courante ni électricité. Ils se rassemblent dans une chapelle de fortune faite de bambous et de tôles ondulées.

Ce qui marque le plus dans l'exercice de ces divers ministères, où qu'ils soient, c'est la foi profonde et la ferveur des catholiques (ainsi d'ailleurs que la religiosité naturelle des gens: très rares sont ceux qui se disent athées, et il est possible de parler religion dès la première conversation avec un inconnu).

Les catholiques sont en général très pieux, très versés dans les pratiques de dévotion, et peuvent passer des heures en prière à l'église. Ils se confessent souvent, ils vivent de leur foi au quotidien. La disposition naturelle à la religion joue son rôle dans cette ferveur, mais celle-ci est aussi et surtout l'héritage des missions catholiques du passé.

Perspectives
Le passé a préparé l'avenir, les missions des Spiritains français et irlandais ont préparé le terrain. Aujourd'hui bien des Nigérians sont très attirés par la liturgie traditionnelle.

« Les Nigérians sont très attirés par la liturgie traditionnelle »

Nous sommes là pour leur apporter ce dont ils ont besoin. Verra-ton affluer les foules? Il est encore trop tôt pour le prédire! L'avenir seul nous le dira… Mais les brebis ont faim, il s'agit de les mener sur les verts pâturages du Maître. Fais ce que dois, et advienne que pourra!

Père Benedict, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
----------
Source : SOS-Africa - La lettre aux amis et bienfaiteurs n° 3 de la mission St-Michel du Nigeria