28 octobre 2015

[Abbé Bouchacourt - FSSPX France - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs] "Il y a 90 ans, le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait..."

SOURCE - Abbé Bouchacourt - FSSPX France - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs - octobre 2015

Chers Amis et Bienfaiteurs, Il y a 90 ans, le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait sa magnifique encyclique Quas primas sur le Christ-Roi. Ce document a gardé toute son actualité comme en témoignent les lignes qui suivent :
« Or, si nous ordonnons au catholicisme entier de vénérer le Christ-Roi, Nous pourvoirons par le fait même aux besoins des temps actuels et Nous opposerons un remède souverain à la peste qui affecte la société humaine. Ce que nous appelons la peste de notre temps, c'est le laïcisme, ses erreurs et ses tentatives impies. Ce fléau, Vénérables Frères, vous savez qu'il n'a pas mûri en un jour ; depuis longtemps, il couvait au plus profond des sociétés. On commença par nier les pouvoirs du Christ sur toutes les nations ; on dénia à l'Eglise un droit dérivé du droit du Christ lui-même, celui d'enseigner le genre humain, de porter des lois, de diriger le peuple, de le conduire à la béatitude éternelle. Alors la religion du Christ fut un peu traitée d'égale avec les faux cultes, et placée avec une choquante inconvenance sur le même niveau ; puis elle fut soumise au pouvoir civil et presque livrée à l'arbitraire des princes et des magistrats ; certains allèrent jusqu'à prôner la substitution d'une religion naturelle, d'un sentiment naturel, à la religion divine. Il ne manqua pas de nations qui estimèrent pouvoir se passer de Dieu et mirent leur religion dans l’impiété et l'oubli de Dieu. Les fruits amers que produisit si souvent et si longtemps une semblable séparation des individus et des peuples d'avec le Christ (…) nous les déplorons aujourd'hui de nouveau : les germes de discorde semés partout, les jalousies et les rivalités entre peuples qui retardent encore la réconciliation, le déchaînement des convoitises qui, bien souvent, se cachent sous les apparences du bien public et du patriotisme, et toutes leurs conséquences : dissensions intestines, égoïsme aveugle et démesuré qui, ne considérant rien, sinon les avantages et les profits particuliers, soumet absolument tout à cette mesure ; la paix des familles détruite à fond par l'oubli et la négligence du devoir ; l’unité et la stabilité de la famille battues en brèche ; toute la société enfin ébranlée et menée à la ruine. »
Quelle clairvoyance ! Le laïcisme dénoncé hier par Pie XI ne cesse aujourd’hui de s’étendre comme un cancer, cherchant à effacer toute trace de chrétienté dans la société. Le laïcisme sorti des officines de la franc-maçonnerie a sa doctrine, ses dogmes, ses rites, ses thuriféraires, ses fêtes, ses saints, sa morale. C’est une nouvelle religion que nos politiques cherchent à nous imposer.

L’homme-dieu doit remplacer le Dieu fait homme. Il est en effet impressionnant et effrayant de constater vers quel abyme ce laïcisme cherche à nous entraîner. Il veut remplacer le Créateur en s’appropriant le droit de vie et de mort sur l’enfant à naître, mais aussi sur le malade et le vieillard. Il s’acharne à détruire la cellule familiale en favorisant le divorce et les unions homosexuelles. Il veut détruire la complémentarité des sexes voulue par Dieu en imposant la théorie délirante du gender et favoriser le commerce du corps humain par la GPA et la PMA.

Pour dénoncer de telles horreurs, étaient auparavant convoqués sur les plateaux de télévision des hommes d’Eglise, mais ils sont devenus tellement timorés que leurs avis n’intéressent plus ! Alors quelques intellectuels les ont remplacés tel un Eric Zemmour ou un Alain Finkielkraut qui parlent avec un certain courage mais sans donner la seule réponse qui vaille : la solution catholique ! Il faut relire le communiqué alambiqué de la conférence épiscopale française sur la situation dramatique de Vincent Lambert. Un chef-d’œuvre de langue de buis ! Cependant, quelques évêques isolés ont été courageux et ont sauvé l’honneur.

Les ténèbres du laïcisme semblent se répandre inexorablement sans rencontrer aucune résistance. Seule la solution catholique portée par l’Eglise peut soigner la société agonisante. Il est consternant de constater à quel point la grande majorité de nos évêques a baissé les bras en adoptant le profil bas des vaincus. Pour beaucoup, la royauté sociale est obsolète. Ils n’y croient plus ! Alors ils pactisent avec ce monde des ténèbres dans l’espoir de l’amadouer et concourent ainsi à la ruine de l’Eglise de France. Jamais il n’y a eu aussi peu d’ordinations sacerdotales que cette année ! Alors, devant un tel vide sidéral, les musulmans revendiquent nos églises désertées pour en faire des mosquées. Là encore, quelques évêques ont su réagir avec une certaine vigueur, mais la majorité est restée comme paralysée et aphone devant cette tentative. Il s’est même trouvé l’un d’entre eux pour dire qu’il préférerait voir une église transformée en mosquée plutôt qu’en restaurant ! Heureusement quelques personnalités laïques ont su réagir avec force. La tentative a échoué… pour cette fois !

C’est un fait ; nos églises sont vides, nos séminaires désertés et la pratique religieuse a chuté de façon vertigineuse. Pourquoi ce désastre ? Quelle est cause de cette situation dramatique ? Est-ce le matérialisme ambiant ? Certes, il est un facteur qu’il ne faut pas négliger. Mais est-il le principal ? Il faut répondre par la négative. Le responsable de cette ruine est principalement le dernier concile qui a voulu marier l’Eglise avec l’esprit du monde. Cet aggiornamento initié par Jean XXIII et porté par tous ses successeurs a changé l’Eglise dans sa substance et a stérilisé son rayonnement. La théologie, la liturgie, le sacerdoce, le catéchisme, le droit canonique, l’Ecriture sainte ont tous été bouleversés par ce vent révolutionnaire qui a désorienté l’Eglise et dispersé ses membres. Et voilà que maintenant, après avoir détruit la foi, lors du prochain synode, certains voudraient remettre en cause la morale catholique et sa discipline ! Jusqu’où ira-t-on ? Nous savons que Notre-Seigneur n’abandonnera pas son Eglise qui ne peut sombrer. Nous gardons confiance contre vents et marées mais il nous faut supplier Dieu qu’il mette un terme à cette passion qui s’éternise et cause la perte d’un grand nombre d’âmes.

Plus que jamais, dans ces ténèbres, nos familles, nos prieurés, nos églises, nos chapelles, nos écoles et nos communautés doivent être des lieux où brillent la sainteté, la charité et la vérité. Que le Christ-Roi y règne ! Plus que jamais, nous devons travailler chacun à notre place à faire la volonté de Dieu dans l’accomplissement de notre devoir d’état et la sainteté de notre vie. Humainement, la tâche qui nous attend nous dépasse, mais ayons la foi en la grâce et en la toute-puissance de Dieu. Nous nous trouvons dans la même situation que David face à Goliath. Gardons une confiance inébranlable en la sainte Providence qui aura toujours le dernier mot.

Comme il est beau et consolant de voir ces familles nombreuses dans nos prieurés qui accomplissent tant de sacrifices pour l’éducation des enfants, qui récitent le chapelet chaque jour. Comme il est réconfortant de voir tout ce dévouement qui soutient nos prêtres. La Tradition catholique est la jeunesse de l’Eglise.

Cependant, attention de ne pas donner prise au prince de la division, au Malin, qui rôde cherchant à diviser nos rangs en y semant le trouble, le doute et le découragement. Restons unis autour de nos prêtres et de nos Supérieurs dans le combat de la foi que la Fraternité veut mener dans la fidélité à son fondateur, Monseigneur Marcel Lefebvre. Unis, nous pouvons tout. Divisés, nous serons réduits à l’impuissance comme le souhaitent nos ennemis.

Plus que jamais, nous avons besoin de votre générosité pour répondre aux appels qui nous arrivent de toutes parts. Il nous faut construire des églises, préparer l’ouverture de prieurés, consolider nos œuvres comme vous pourrez le lire ci-dessous. Votre charité nous permettra d’œuvrer à la restauration du règne du Christ-Roi qui seul peut faire barrage aux ravages du laïcisme. Que Notre-Seigneur et Notre-Dame vous comblent de grâces et vous protègent. Chaque jour, dans nos prieurés et nos maisons, nous prions pour nos bienfaiteurs à qui nous devons tant. Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian BOUCHACOURT Supérieur du district de France