13 juillet 2016

[Charlotte d’Ornellas - Présent] Débat sur le "sens" de la messe

SOURCE - Charlotte d'Ornellas -  13 juillet 2016

Le Cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, donnait une conférence sur la liturgie à Londres, le cinq juillet dernier. L’occasion pour lui d’inviter les prêtres et les évêques à célébrer les parties de la liturgie pendant lesquels ils s’adressent à Dieu « ad orientem », vers l’Orient, « vers le Seigneur qui vient ». Rien de bien nouveau dans la bouche de ce cardinal guinéen, mais cette fois-ci la proposition est concrète : il proposait aux prêtres de mettre cette décision en pratique dès le premier dimanche de l’Avent. « Je vous demande de mettre en œuvre cette pratique partout où cela sera possible, avec la prudence et la pédagogie nécessaire, mais aussi avec la confiance, en tant que prêtres, que c’est une bonne chose pour l’Eglise et pour les fidèles », avait-il déclaré.

Une demande justifiée par les écritures elles-mêmes : « prêtons l’oreille aux lamentations de Dieu proclamées par le prophète Jérémie : « Car ils m’ont tourné le dos » (Jr 2,27). Tournons-nous à nouveau vers le Seigneur ! », avait également insisté le cardinal.

Monseigneur Rey, présent à cette conférence, avait immédiatement répondu au Cardinal qu’il suivrait cette demande dès l’Avent prochain : « J’expliquerai que ce changement est utile pour se rappeler la nature essentielle du culte chrétien : tout doit être toujours tourné vers le Seigneur », écrivait-il quelques jours plus tard.

Quelques jours plus tard, le cardinal Sarah rencontrait le pape François, et la salle de presse du Vatican en a sorti ce lundi une mise au point très claire : le père Lombardi (directeur du Bureau de presse du Saint-Siège) écrit ainsi : « Certaines de ses expressions ont été mal interprétées, comme si elles annonçaient de nouvelles indications différentes de celles qui ont été données jusqu’alors dans les normes liturgiques et dans les paroles du pape sur la célébration face au peuple et sur le rite ordinaire de la messe. » Rien ne changera, rassure-t-il. Détail signifiant, le père Lombardi parle d’orientation « dos à l’assemblée » et non pas « face à Dieu » comme le précise pourtant le cardinal Sarah.

Aucune nouvelle directive liturgique donc, ni de « réforme de la réforme » : la forme extraordinaire ne prendra pas celle de la forme ordinaire, martèle le Vatican.

Dans la foulée, le Cardinal Sarah publiait pourtant son texte, lançant encore une fois son appel aux prêtres et évêques, dans les mêmes termes malgré quelques modifications dérisoires quant au fond. Il précise simplement que son invitation n’est pas une obligation (ce qui n’avait jamais été le cas). Il n’est pas inintéressant de relever dans le même temps que cette année, en France, 20 % des prêtres ordonnés célébreront la messe sous la forme extraordinaire. Une proportion bien plus grande que ce que représente aujourd’hui la communauté « tradi » dans l’Eglise de France…